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Le rôle des institutions nationales des droits de l’homme (INDH) dans la promotion du thème de la Journée de l’enfant africain 2023 sur « Les droits de l’enfant dans l’environnement numérique ».

Rédigé par Mme Deborah Nyokabi, Chargée de programme Mécanismes régionaux

« L’internet est un formidable outil d’information et peut être un lieu d’apprentissage pour les enfants, mais nous devons nous rappeler que lorsque les enfants sont en ligne, ils sont en public.

La Journée de l’enfant africain, célébrée chaque année le16 juin, a été instituée par l’Assemblée des chefs d « État et de gouvernement de l’OUA en 1991. Cette journée commémore le soulèvement étudiant du16 juin 1976 à Soweto, en Afrique du Sud, au cours duquel les étudiants ont manifesté pour protester contre la mauvaise qualité de l » éducation qu’ils recevaient sous le régime de l’apartheid. La DAC commémore l’action courageuse et sans précédent entreprise par les enfants pour défendre leurs droits. Le CAD célèbre l’esprit des enfants d’Afrique et appelle les États membres et les autres parties prenantes à prendre des mesures pour remédier aux nombreux problèmes auxquels sont confrontés les enfants dans toute l’Afrique. Il s’agit donc d’une journée importante pour réfléchir aux mesures à prendre pour mettre en œuvre les dispositions protégeant les droits des enfants dans les législations nationales, les politiques et les instruments régionaux relatifs aux droits de l’homme tels que la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (Charte africaine des enfants).

Le thème du CAD 2023, tel que sélectionné par le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (ACERWC), est « Les droits de l’enfant dans l’environnement numérique ». Dans la note conceptuelle élaborée sur le thème, l’ACERWC note que « les enfants représentent un tiers de tous les utilisateurs d’Internet dans le monde… et que l’ère numérique a fondamentalement changé la façon dont les enfants exercent et réalisent leurs droits ». L’ACERWC réitère que l’effet de l’environnement numérique doit être considéré dans le contexte des protections prévues par la Charte africaine des enfants, car les mêmes droits que les enfants ont hors ligne doivent être protégés en ligne.

L’ACERWC souligne quatre droits fondamentaux de la Charte qui doivent servir de principes directeurs dans toutes les mesures prises pour garantir la promotion et la réalisation des droits de l’enfant dans l’environnement numérique. Ces quatre droits fondamentaux sont : la non-discrimination (article 3) ; l’intérêt supérieur de l’enfant (article 4) ; la survie et le développement (article 5), et la participation de l’enfant telle que reflétée dans le droit à la liberté d’expression (article 7). Au paragraphe 7 de la note conceptuelle, l’ACERWC cite les INDH parmi les principales parties prenantes qui ont un rôle à jouer dans la promotion et la protection des droits de l’enfant dans la sphère numérique.

La coopération entre l’ACERWC et les INDH africaines dans la promotion et la protection des droits de l’enfant dans la sphère numérique est essentielle puisque les Principes de Paris confèrent aux INDH un large mandat en matière de droits de l’homme qui s’étend à : Les conseils, les recommandations législatives, les enquêtes (y compris les pouvoirs quasi-judiciaires), la promotion de la ratification des instruments et les rapports sur l’état de la mise en œuvre et l’éducation aux droits de l’homme, entre autres.

Le rôle crucial des INDH dans la protection des droits de l’enfant a été codifié pour la première fois dans l’Observation générale n° 2 du Comité des droits de l’enfant des Nations unies : Le rôle des institutions nationales indépendantes de défense des droits de l’homme dans la promotion et la protection des droits de l’enfant. Au niveau régional, ce rôle est codifié par l’article 42 de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, ainsi que par les Lignes directrices de 2018 pour l’octroi du statut d’affilié/associé aux INDH.

Actuellement, 20 INDH africaines ont le statut d’affiliées auprès de l’ACERWC, à savoir les INDH du Bénin, de l « Éthiopie, de la Sierra Leone, du Kenya, du Malawi, du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria, du Rwanda, du Togo, du Cameroun, de la Gambie, de l’Afrique du Sud, de la Zambie, du Zimbabwe, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et de l » Égypte. Les INDH ayant le statut d’affilié ont divers privilèges et responsabilités, notamment : présenter des points à l’ordre du jour, évaluer les rapports des États parties, fournir des briefings thématiques, assurer le suivi de la mise en œuvre des décisions et contribuer à la diffusion des observations finales du Comité, parmi d’autres rôles essentiels liés à la promotion de la ratification et de la mise en œuvre de la Charte. Ils peuvent ainsi exploiter leurs privilèges et leurs responsabilités pour plaider en faveur de la protection des droits des enfants dans la sphère numérique.

En tant que telles, les INDH doivent être en première ligne pour souligner la nature à double tranchant de la sphère numérique en ce qui concerne les droits et le bien-être de l’enfant africain. Elles doivent s’efforcer de défendre les avantages indispensables de l’internet pour étendre les droits et libertés fondamentaux des enfants, tels que la liberté d’association, la liberté d’expression, le droit à l « éducation et le droit de jouer. Ils doivent plaider pour la réduction de la fracture numérique car, par exemple, l’accès à l’internet pour les enfants en Afrique varie de 1 à 13 % contre 59 % en Europe de l’Est et en Asie. Les fermetures d’Internet aggravent encore le problème de l’accès à Internet pour les enfants africains. Les INDH doivent donc plaider en faveur d’un accès universel et équitable à l’internet pour les enfants africains. D’autre part, l’internet présente des risques significatifs pour les droits de l’enfant que les INDH doivent s’efforcer d’atténuer et d » éliminer. Comme le précise l’ACERWC, il s’agit notamment de l’exploitation et des abus sexuels des enfants en ligne, des violations du droit à la vie privée, de la cyberintimidation et de l’exposition à des contenus préjudiciables.

Pour un plaidoyer réussi, les INDH devraient être guidées par les cadres normatifs internationaux et régionaux qui incluent : le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants ; l’Observation générale n° 25 du Comité des droits de l’enfant sur les droits de l’enfant dans l’environnement numérique ; les lignes directrices de l’Unité internationale des télécommunications (UIT) sur la protection des enfants en ligne ; l’Agenda 2040 de l’Afrique pour les enfants ; L’observation générale n° 7 de l’ACERWC sur la protection des enfants contre toutes les formes d’exploitation et d’abus sexuels ; la résolution 17/2022 de l’ACERWC sur la protection et la promotion des droits de l’enfant dans la sphère numérique ; la déclaration de principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique ; la convention de l’UA sur la cybersécurité et la protection des données personnelles (convention de Malabo), et le cadre de politique de données de l’UA pour 2022, parmi d’autres instruments. L’une des principales priorités des INDH sera de plaider en faveur de la ratification, de la mise en œuvre et de l’intégration des instruments susmentionnés et de faire rapport en conséquence aux organes de suivi des traités.

Les INDH doivent coopérer avec les États membres, les OSC, l’ACERWC, la CDE, les organes de l’UA, les agences de l’ONU et, surtout, les enfants eux-mêmes pour combler les lacunes administratives, institutionnelles et législatives qui entravent la protection et la promotion des droits de l’enfant dans la sphère numérique. En tant que mécanisme de suivi, les INDH ayant le statut d’affilié auprès de l’ACERWC devraient rapporter les initiatives prises pour commémorer le CAD 2023 à l’ACERWC lors de ses prochaines 42e et 43e sessions ordinaires et participer à l’étude de l’ACERWC sur les droits de l’enfant dans la sphère numérique. Il est évidemment impératif que les INDH collaborent avec d’autres parties prenantes pour protéger les droits des enfants dans la sphère numérique. Comme l’a dit Nelson Mandela. « L’histoire nous jugera sur la différence que nous ferons dans la vie quotidienne des enfants ».